13 juin 2011

le "Crapaud" d'Andersen vers mon version

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Il était une fois
une ou deux fées,
dans une fadaise fabuleuse et fabulatrice
...à dormir debout.

Mais comme nous ne sommes pas des chevaux;
je m'en vais plutôt
-contez-y bien-
vous narrer une interprétation
tout aussi philosophique et instructive que la version d'Andersen,
qui ne devrait mener ni au sommeil, ni à la rêverie

***
        le crapaud

Il était une fois,
notre héros, Ikar
jeune enfant de trois ans,
vivant seul dans la même maison que ses parents.

Le jeune homme ne connaissait rien du monde,
qu'une partie très réduite
et pas des plus réjouissantes;

lit, siège auto, moquette de l'école,
voilà son quotidien restreint
(uniquement modulé par les rencontres de différents pieds
...de tables et autres chaises, à roulettes ou chaussés).

« Quelles perspectives! » me direz vous.
Et bien, c'est que, cet Ikar...rampait.

Déjà mille quatre-vingt-quinze jours qu'il vivait,
pendant lesquels ses géniteurs,
-admirateurs des abeilles volant instinctivement dès leur naissance-
avaient daigné aider leur rejeton
à se hisser sur ses pieds.

Il était donc une fois,
notre héros,
se trainant ainsi au sol,
s'apparentant précisément à un jeune crapaud empâté.

Ses congénères de classe maternelles,
comme unique marque de reconnaissance,
lui avaient d'ailleure confectionné la comptine que voici:

« Le crapaud cracra
qui fait caca pot pot
ça c'est bien, Ikar
crions criez Hihi

Cracra le crapaud
qui ça?! HI Ikar HI
Car il crapaüte
donc nous on l'insulte »
ainsi
pourtant bien qu' incapables de se ranger « en rang par deux »
ces poètes en herbe, maîtrisaient déjà vers, pieds, allitérations et assonances,
mues par cette inspiration grégaire et gratifiante du rabaissement du maillon faible.

(Mais alors, vous pensez peut-être au personnage de la maîtresse, qui aurait pu -avec toute sa raison de grande personne- être son adjuvant, venir à son secoure. Malheureusement celle-ci ayant trop de bambins à s'occuper, ne s'en occupait donc d'aucun.)




Mais un jour,
une péripétie vint bouleverser notre récit,
ainsi que le destin tragique de notre petit bonhomme:
l'arrivée de la merveilleuse télévision 333 pouces!

Si ample que le meuble à télévision ne put l'accueillir.
Mr et Mme alors contraints,
installèrent provisoirement cette nouvelle venue
...à même le sol.

Le sol, le royaume de notre bambin!
Celui-ci se traina,
sans attente aucune
vers ce rectangle inerte et imposant.
Quelle ne fut pas sa stupeur, alors,
lorsque appuyant maladroitement sur une pustule de l'objet,
le candide fut subitement ébloui et assourdie de toute puissance.

Son coeur fit un bond.
Le frisson qui parcouru sa chair de bout en large et en replis
ne paraitrait que trop faible si je tentais d'en décrire la vigueur.
Ses paupières étaient à leur ouverture maximale.

Jamais, je vous le dis,
Ikar, n'avait ressenti un tel heurt.
« Je vis. »
Voilà ce qu'il dit.

Devant un tel déferlement
de lumières, de couleurs, de sons,
et ces gens à l'échelle du valeureux
et c'est sublime!
Ikar était comblé.

Trois heures durant,
hypnotisé,
il fixa cet ecran,
cette lumière vibrante,
en un mot son soleil.

Son Egypte, son Alaska
son Eldorado, son Nirvana
L'astre ultime,
était assurément là,
devant lui...


...mais l'avait-il vraiment atteint ?


Une angoisse soudaine,
une convulsion certaine,
l'empoignèrent:

Il fallait être dans l'éclat,
rayonner à son tour.

Il tâta fébrilement l'appareil,
à la recherche de la source.
Ce n'était qu'un écran,
il était conscient qu'il fallait trouver l'essence.
Pour la première fois de sa vie, il sentit l'inquiétude, l'angoisse, de ne pas pouvoir atteindre ce bonheur, qu'il n'avait jamais soupçonné auparavant.

Il parcourut le fil, conduit par son inspiration métaphysique, atteignit la prise, guidé par son intuition qui ne répondait plus à aucune logique concrète. Débrancha/le téléviseur arrêta d'émettre/tout s'écroula dans sa tête/Ikar paniqua/enfonça ses doigts dans la prise/Ikar s'électrocuta.

Ce courant, cette explosion,
si dynamittante, si détonante
insupportable au physique humain,
ce torrent vivifiant plus qu'inconcevable,
sublime, l'acheva.




Ce fut cette fois là,
qu'en cet instant,
atteignant et transcendant du même coup son idéal,
Ikar vécut heureux juste à la fin de sa vie.



                                                                                              __*f*i*n*__
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